Chronique de l’émission « Véhicules autonomes »

Les véhicules automatisés seront-ils un jour autonomes ?

Invitée : Solën Guezille, avocate et fondatrice de l’ADOC

On a en tête l’image de Pierce Brosnan, dans Demain ne meurt jamais, qui conduit sa voiture avec son smartphone. Un James bond couché… caché, sur la banquette arrière et pilotant son bolide pour prendre la fuite…Et une voiture de l’extérieure vue « sans conducteur ».

Mais que penserait James Bond aujourd’hui d’une voiture qui l’aurait guidé en lui laissant ses deux mains libres, une voiture …autonome… !

Etre autonome, « ne dépendre de personne ». Est-ce bien envisageable quand on parle d’un véhicule ?

Car les véhicules dont nous allons parler aujourd’hui n’iraient-ils pas encore bien au-delà de cette image futuriste qu’incarnait James bond en 1997. Un véhicule capable de rouler sans l’intervention d’un être humain, voilà qui peut faire rêver quand on se souvient des longues heures passées au côté du moniteur d’auto-école pour décrocher le sésame du permis de conduire !

Mais autonome ne veut pourtant pas forcément dire se passer du conducteur, en cela James Bond était précurseur car le célèbre constructeur automobile Ford a déposé l’an dernier le brevet d’un système de pilotage de l’un de ses véhicules à l’aide entièrement d’un écran tactile. Le véhicule autonome pourrait donc être contrôlé par mobile.

Alors que reste-t-il vraiment du rôle du conducteur dans tout ça ?  

Voilà quoi qu’il en soit une révolution qui peut quand même susciter quelques appréhensions… si on imagine un véhicule lancé à pleine vitesse, sans intervention humaine possible. Crainte que l’on aurait aussi finalement face à des pédales de frein qui ne répondraient plus…Parce que là évidemment, c’est l’accident !

On aborde alors une autre problématique découlant du développement des véhicules autonomes. Comment en contrôler le mécanisme ? Comment appréhender la situation accidentelle que le droit a mis plusieurs années à encadrer, en responsabilité civile, pénale, mais aussi en droit des assurances ?

Enfin, au-delà de l’aspect juridique, quelle évolution et quelle acceptation de notre part cela suppose-t-il ? « Sera-t-il plus difficile d’accepter d’être tué par une machine que par un homme ? ».

L’actualité sur le sujet est de plus en plus présente et internationale. Les réticences sont notamment très grandes aux Etats-Unis où se poursuivent de nombreuses expérimentations. On peut citer le cas d’une petite ville d’Arizona où Google teste ses voitures autonomes, et où des habitants ont récemment décidé de manifester leurs craintes et leurs mécontentements en s’en prenant …physiquement aux véhicules ! Pierres jetées sur la carrosserie, pneus crevés, queues de poisson pour pousser la voiture vers le bas-côté… Des gestes incongrus de révolte de l’homme contre une machine mais qui traduisent un malaise profond.

« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? » s’interrogeait Alphonse de Lamartine. La question aujourd’hui peut se reposer … Si ce n’est d’ « âme » dont nous parlerons avec notre invité, c’est tout au moins d’une certaine forme d’intelligence, intelligence « artificielle » qui, comme l’intelligence « naturelle », reste faillible.


Ecoutez l’entretien avec Solën Guezille, avocate et fondatrice de l’ADOC