Alors que l’application StopCovid était présentée au Parlement en France le 27 mai 2020, les discussions sur sa pertinence et ses modalités de fonctionnement se sont progressivement raidies . Le député Eric Bothorel affirme ainsi que « s’opposer par principe à cet outil est un crime contre le reste de l’humanité[1] ». A l’occasion d’une tribune publiée dans le journal « Le Monde », deux chercheurs de l’Inria estiment difficilement justifiables les « oppositions de principe » à StopCovid[2]. D’une manière moins directe, le député Damien Pichereau avait même avancé l’idée d’une « récompense » pour les utilisateurs de l’application, allégeant la restriction de déplacement kilométrique de 100 kilomètres encore en place en phase 1 du déconfinement, avant d’être très rapidement écartée par le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O[3]. Le secrétaire d’Etat conclue pour sa part de manière plus volontariste « [qu’]il y a eu beaucoup de questions légitimes, mais plus nous donnons d’explications, plus les réticences diminuent[4] », en dramatisant le débat devant le Parlement: « refuser StopCovid c’est accepter les morts supplémentaires ».
Continuer la lecture de « Applications de « proximity tracing » : la France s’y engage, l’Australie prise de doutes »Expliquer l’emballement des applications de pistage : de l’émergence d’un « Etat des algorithmes »
Si l’on devait dégager certains des traits les plus saillants en ce qui concerne l’emploi des technologies en ces temps de crise sanitaire, l’approximation évidente avec laquelle certaines applications sont entrées dans le débat public aurait une place de choix. Ainsi, les applications de pistage[1] de proximité (proximity tracing) ont fait l’objet d’intenses débats sur les risques qu’elles font porter sur la vie privée et sur les garanties dont elles devaient être assorties alors même que des barrières technologiques très substantielles, identifiées par de nombreux experts, ont mis très tôt en cause la viabilité même de ces dispositifs.
Continuer la lecture de « Expliquer l’emballement des applications de pistage : de l’émergence d’un « Etat des algorithmes » »Applications « Covid-19 » : où en sommes-nous ?
Alors que le recours à des applications numériques pour contribuer aux politiques publiques sanitaires est sur le point de devenir une réalité en Europe, quelles sont les cas d’usages précis de par le monde ? Parce qu’un graphique vaut mieux que des longs développements, consultez cette « dataviz » !
Continuer la lecture de « Applications « Covid-19 » : où en sommes-nous ? »« Contact tracing » : Des « hacks » pour protéger la vie privée mais des barrières technologiques encore tenaces
Dans l’arsenal de la lutte contre le Covid-19, l’idée de tirer bénéfice du fort maillage des téléphones mobiles est apparue. Des applications promettent de faciliter la recomposition des chaînes de transmission et de ralentir la pandémie. Ces applications ont suscité un assez fort débat sur la protection des données. Mais, avant même tout débat sur cette question, ces applications soulèvent surtout la simple question de leur efficacité : la proximité de deux téléphones portables pendant une certaine durée permet-elle de présumer une contamination ? Sur quelles bases sont conçus les modèles statistiques censés minimiser les faux positifs ? Toute la population ne pourra pas (ou ne voudra pas) être tracée ? Autant de points qui conduisent à se demander si le coût de cette ambition dans de nombreux pays européens (coût du déploiement, coût des mesures d’accompagnement, brèches potentielles des droits) est proportionné aux résultats à en espérer.
Continuer la lecture de « « Contact tracing » : Des « hacks » pour protéger la vie privée mais des barrières technologiques encore tenaces »L’étrange ambition des applications de « contact tracing »
Mise à jour du 23 avril 2020
Dans l’arsenal de la lutte contre le Covid-19, des applications sur téléphone mobile sont apparues avec la promesse de faciliter la recomposition des chaînes de transmission et d’accompagner le déconfinement. Autant qu’un débat sur la protection des données, ces applications soulèvent surtout la question bien plus basique de leur efficacité : la proximité de deux téléphones portables pendant une certaine durée permet-elle de présumer une contamination ?
Toutes les crises majeures de notre civilisation ont conduit nos sociétés à s’adapter, particulièrement pendant les révolutions, les guerres et les crises sanitaires. La statistique, ainsi, se déploiera en véritable outil de politique publique pour lutter contre le choléra ou encore la variole. D’Alembert et Diderot s’opposeront sur le bénéfice d’une vaccination de masse de la population, le premier estimant que le choix devait être laissé aux individus et qu’ils pouvaient ainsi refuser de se voir inoculer une forme atténuée de la maladie pour développer une immunité. Daniel Bernoulli, en affirmant par une approche statistique que le risque mortel de la vaccination était d’un cas sur 200, allait trancher le débat, faire prévaloir le collectif sur l’individuel et emporter la décision publique.
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