La critique de la technique : clé du développement de l’intelligence artificielle ? (Introduction)

Introduction

Crédits : Pxfuel

Si l’année 2018 a été l’année de l’acmé des principes, chartes et déclarations sur l’intelligence artificielle (« IA[1] »), l’année 2020 a bien démarré pour être un tournant vers des textes plus contraignants, enfin en capacité de protéger les individus et l’entière société de diverses dérives, déjà concrètes. À peu près toutes les organisations internationales se sont mises en ordre de marche dès 2019[2], dans le cadre de leurs mandats respectifs, pour apporter leur contribution à ce qui pourrait constituer dans les années à venir une architecture globale de réglementation de « l’IA », appelée à concilier différents impératifs tels que l’innovation, la croissance économique et la protection des droits fondamentaux. Sur un plan local, nombre d’États ont adopté (ou sont sur le point d’adopter) des stratégies sur « l’IA » visant à s’assurer sur cette même scène mondiale leur leadership scientifique, technologique et moral, en y intégrant parfois un volet sur la régulation ou la réglementation[3]. La Nouvelle-Zélande affirme ainsi être le premier État à avoir adopté des standards, sous forme de charte, en matière de régulation des algorithmes[4]. Dans ce contexte de véritable course pour établir en premier des règles du jeu, un consensus s’exprime en ce qui concerne les potentiels bienfaits de cette « IA » pour l’humanité et la nécessité de créer de la confiance chez les milliards d’usagers sur la planète pour en tirer les bénéfices attendus.

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Applications de « proximity tracing » : la France s’y engage, l’Australie prise de doutes

Alors que l’application StopCovid était présentée au Parlement en France le 27 mai 2020, les discussions sur sa pertinence et ses modalités de fonctionnement se sont progressivement raidies . Le député Eric Bothorel affirme ainsi que « s’opposer par principe à cet outil est un crime contre le reste de l’humanité[1] ». A l’occasion d’une tribune publiée dans le journal « Le Monde », deux chercheurs de l’Inria estiment difficilement justifiables les « oppositions de principe » à StopCovid[2]. D’une manière moins directe, le député Damien Pichereau avait même avancé l’idée d’une « récompense » pour les utilisateurs de l’application, allégeant la restriction de déplacement kilométrique de 100 kilomètres encore en place en phase 1 du déconfinement, avant d’être très rapidement écartée par le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O[3]. Le secrétaire d’Etat conclue pour sa part de manière plus volontariste « [qu’]il y a eu beaucoup de questions légitimes, mais plus nous donnons d’explications, plus les réticences diminuent[4] », en dramatisant le débat devant le Parlement: « refuser StopCovid c’est accepter les morts supplémentaires ».

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