Des données réellement à l’abri ?
Invitée : Sophie Kwasny, chef de l’unité de protection des données du Conseil de l’Europe
Et si l’on croisait tout ou partie des fichiers administratifs français pour assurer une meilleure efficacité ? Cette idée (un brin totalitaire) n’est pas contemporaine mais date de 1973 avec un projet, sobrement intitulé par le ministère de l’Intérieur à l’époque SAFARI.
Révélé en 1974 par un article du Monde, ce « système informatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus » planifiait d’interconnecter tous les fichiers en s’appuyant sur un identifiant unique déjà existant pour tous : le numéro INSEE, utilisé notamment pour nous identifier à la sécurité sociale.
Loin de susciter une liesse populaire, ce fichage systématique de la population a naturellement provoqué une immense polémique, car tout cela renvoyait à des heures sombres de notre histoire. Visionnaire, la loi informatique et liberté promulguée en 1978 a édicté des principes qui restent contemporains.
Tout le monde connaît maintenant le règlement général de protection des données (RGPD), nouveau cadre européen protecteur des citoyens. Nos boîtes mails ont été noyées de courriers nous signalant la mise en conformité des (très nombreux) détenteurs de nos données personnelles.
Il est en revanche moins connu que ce cadre n’aurait certainement pas vu le jour sans un autre texte, plus méconnu, adopté dès 1981 par le Conseil de l’Europe : la Convention dite « 108 » de protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel. Ce texte, qui demeure après presque 40 ans le premier instrument juridique international contraignant dans le domaine, a été récemment modernisé : il garantit, évidemment, la protection de la vie privée face aux multiples usages des technologies de l’information tout en facilitant les flux « transfrontières des données ».
Essayons de préciser tout cela avec une invitée de choix : Sophie Kwasny, qui est chef de l’unité « protection des données » du Conseil de l’Europe. Elle a animé les derniers travaux de modernisation et son expertise l’a conduit à recevoir en début 2018 le prix « Michal Serzycki » pour la protection des données en récompense de ses réussites spéciales dans le domaine !
Ecoutez l’entretien avec Sophie Kwasny, chef de l’unité de protection des données du Conseil de l’Europe