Proposition de règlement de l’IA de la Commission européenne : entre le trop et le trop peu ?

European EU flags in front of the Berlaymont building, headquarters of the European commission in Brussels – Source : Envato Elements, f9photos

Tentative de traduction en anglais disponible sur LinkedIn

En résumé

La proposition de règlement de la Commission européenne présentée le 21 avril 2021 vise à encadrer de manière horizontale et transversale toutes les différentes applications de l’intelligence artificielle (IA). Cette proposition s’intègre dans une plus vaste stratégie de la Commission sur le numérique dont un nouveau plan coordonné sur l’IA pour 2021.

Source : Les Temps Électriques, d’après European Commission, https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/europe-fit-digital-age/excellence-trust-artificial-intelligence

La proposition distingue 4 types d’applications, avec des contraintes à l’intensité décroissante : 1) les applications prohibées du fait de leur nature (influence sur les comportements avec des conséquences physiques ou psychologiques, crédit social et reconnaissance faciale dans l’espace public – avec de très larges exceptions pour un usage d’enquête judiciaire), 2) les applications à haut risque devant répondre à des exigences clés et à un mécanisme d’évaluation de la conformité préalable à la mise sur le marché, 3) les applications à risque limité, auxquels sera imposé une obligation spécifique de transparence (comme les chatbots ou les deepfakes), et 4) celles enfin présentant un risque minimum. Des sanctions financières allant jusqu’à 6% du chiffre d’affaires annuel pourront être prononcées en cas de manquement d’un opérateur privé.

Dans le même temps le texte vient soutenir l’innovation en autorisant des textes d’encadrement juridique temporaires pour l’expérimentation (« bacs à sable » réglementaires), ce qui intéressera particulièrement les micros, petites et moyennes entreprises. L’adoption de codes de conduite sectoriels est également encouragée.

Un comité européen sur l’intelligence artificielle, composé de représentants des 27 États membres et du contrôleur européen de la protection des données, sera aussi constitué.

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Guide éthique de l’IA à l’attention des disrupteurs

Crédits : Envato Elements, leungchopan

Alors qu’un encadrement juridique contraignant semble s’esquisser pour le déploiement de certains systèmes d’IA en Europe, la dernière décennie a été marquée par une intense production éthique venant, directement ou indirectement, de l’industrie numérique [1]. Les motivations d’une telle production ont déjà été relativement bien documentées [2] et relèvent d’un mélange de communication externe, de lobbying (pour différer une réglementation contraignante) et de management interne de la base des ingénieurs et techniciens, pour certains très attentifs aux usages de leurs développements. 

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Chronique de l’émission « Gouvernés par les données ? »

Emission du 30 mars 2021

Invité : Adrien Basdevant, avocat et membre du Conseil National du Numérique

Alain Supiot nous alertait en 2015 dans la Gouvernance par les nombres, des conséquences d’un projet scientiste prenant la forme d’une gouvernance par les nombres et qui se déploie sous l’égide de la « globalisation ». La généralisation de dispositifs dits « d’intelligence artificielle » dans tous les recoins de nos vies ne contribue-t-elle pas à composer cette matrice aussi discrète qu’efficace, en captant sans cesse plus de données ? Ce diagnostic n’est-il pas trop alarmiste ?

Discutant il y a peu avec un ami doublement docteur (il se reconnaîtra), j’ai pris conscience de la fragilité de ma conception du monde, pourtant lentement construite depuis des décennies entre droit et informatique.

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La Chronique IA et numérique en stream, 2ème diffusion !

Deuxième émission du stream « La chronique IA et numérique », qui traite de l’emploi de l’IA dans la justice. En plus d’une brève revue de l’actualité (liens des articles ci-dessous), Yannick Meneceur reprend, en français, le contenu d’une conférence délivrée à l’International Group of Artificial Intelligence (IGOAI).

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La Chronique IA et numérique en stream

Les Temps Electriques, c’est aussi un stream « La chronique IA et numérique » depuis mars 2021. Le stream aborde l’actualité de l’intelligence artificielle et du numérique sous un angle juridique, avec une vocation grand public. En plus d’une revue de l’actualité, il y sera aussi question de l’impact de transformation numérique sur notre société, avec un ton résolument ouvert.

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La Chronique IA et numérique en stream, 1ère diffusion !

Harold Epineuse, Secrétaire général adjoint de l’IHEJ et expert au Conseil de l’Europe, a été le premier invité du stream « La chronique IA et numérique ». Le stream aborde l’actualité de l’intelligence artificielle et du numérique sous un angle juridique. En plus d’une lecture de l’actualité, il y sera aussi question cette fois-ci de cyberjustice, de transformation numérique du droit et d’un regard au-delà de nos frontières.

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2021 : Quelles perspectives pour l’intelligence artificielle ?

Publié le 31 décembre 2020, mis à jour le 5 janvier 2021

Sur un plan technologique, l’histoire retiendra vraisemblablement de la décennie qui vient de s’écouler le réenchantement du terme intelligence artificielle (IA) avec les exploits de l’apprentissage automatique et des réseaux de neurones. Même si ces algorithmes ne sont pas tout à fait nouveaux, la magie ne cesse d’opérer au rythme des promesses, toujours plus nombreuses, des chercheurs et des concepteurs. De la reconnaissance d’image à la conduite autonome, de la recherche de fraudes à la lutte contre la Covid-19, l’IA ne cesse d’être convoquée pour résoudre des problèmes toujours plus complexes. À entendre les discours ambiants, ce qui n’est pas possible aujourd’hui le sera nécessairement demain, en agrégeant toujours plus de données. Dans le même temps, les conséquences d’une généralisation hâtive de l’IA commencent à être bien documentées : renforcement des inégalités déjà existantes par l’emploi hâtif d’algorithmes dans les services publics, caisse de résonance à différents types de désordre informationnel, aggravation des atteintes à la vie privée ne sont que quelques exemples très concrets qui esquissent les possibles errements du nouveau monde transformé en données.

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Chronique de l’émission « L’éthique de l’intelligence artificielle »

Des éthiques à l’éthique

Invité : Emmanuel Goffi, philosophe et directeur de l’Observatoire Éthique & Intelligence Artificielle, de l’Institut Sapiens et professeur en éthique de l’IA à aivancity, School for Technology, Business & Society

L’éthique est partout dans les discours sur l’IA, solution universelle à tous les maux redoutés et révélés.

Il semble communément admis dans l’opinion publique que le numérique ne règlera pas tout et que tout problème n’a pas de solution numérique… l’échec de l’application StopCovid en témoigne de manière sensible.

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Intelligence artificielle et justice : le grand malentendu

Dans le prolongement de l’article paru aux Cahiers de la Justice en 2019, retrouvez une tribune parue sur le site internet de l’Institut Sapiens sur l’emploi d’algorithmes d’apprentissage automatique pour traiter de la jurisprudence.

La tribune revient sur les prétentions des concepteurs de ces systèmes, l’absence de documentation scientifique neutre, démontrant la plus-value de ces outils, et l’incompréhension de qu’est réellement une décision de justice pour prétendre opérer de tels traitements.