Les véhicules automatisés seront-ils un jour autonomes ?
Invitée : Solën Guezille, avocate et fondatrice de l’ADOC
On a en tête l’image
de Pierce Brosnan, dans Demain ne meurt jamais, qui conduit sa voiture avec son
smartphone. Un James bond couché… caché, sur la banquette arrière et
pilotant son bolide pour prendre la fuite…Et une voiture de l’extérieure vue «
sans conducteur ».
Mais que
penserait James Bond aujourd’hui d’une voiture qui l’aurait guidé en lui
laissant ses deux mains libres, une voiture …autonome… !
Etre autonome,
« ne dépendre de personne ». Est-ce bien envisageable quand on parle d’un
véhicule ?
Invité : Jean Lassègue, chercheur au CNRS et co-auteur avec Antoine Garapon de l’ouvrage “Justice Digitale”, paru aux éditions des PUF
Questionner le rapport fondamental entre le droit et les mathématiques pourrait paraître surprenant (je ne dis pas dépassé) dans une émission dédiée au numérique.
Pourtant, les développements depuis 2010 d’une marque commerciale « intelligence artificielle » (ou IA) a réactivé l’utilisation massive du formalisme mathématique, plus précisément des statistiques, pour traiter des masses considérables de données avec des prétentions bien connues : modéliser des comportements, des actions non seulement afin de les automatiser (les reproduire) mais peut-être même les anticiper. C’est bien là le cœur des algorithmes d’apprentissage dits de machine learning, derrière lesquels il n’y a aucune magie autre que la construction automatique de modèles mathématiques en découvrant les liens (corrélations) cachés dans la masse des données qu’on leur fait ingurgiter.
Intelligence artificielle et procès pénal : l’illusion d’un destin ?
Invitée : Clementina Barbaro, chef d’unité au Conseil de l’Europe
Comme les bains de photographie argentique parviennent à révéler l’imperceptible d’une prise de vue, l’intelligence artificielle (IA) nous promet de dévoiler, par le formalisme mathématique et statistique, de l’information dans le canevas des données que nous produisons de plus en plus massivement.
Appliqué au champ de la justice pénale, plusieurs réalisations, déjà fonctionnelles aux Etats-Unis, visent à prévenir la commission d’infractions, notamment par des sortes de cartographies « prédictives », ou à évaluer les risques de réitération d’un individu.
Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, organe exécutif de l’organisation internationale regroupant 47 États du continent européen, a adopté le 13 février 2019 une Déclaration dense, mais explicite, sur « les capacités de manipulation des processus algorithmiques »[1].
C’est la première fois qu’une organisation avec une telle autorité morale se positionne aussi explicitement sur les conséquences de la transformation numérique de notre société en soulignant « Les niveaux très subtils, subconscients et personnalisés de la persuasion algorithmique [qui] peuvent avoir des effets significatifs sur l’autonomie cognitive des citoyens et leur droit à se forger une opinion et à prendre des décisions indépendantes. »
Intelligence artificielle et intelligence naturelle
Invitée : Daniela Piana, professeure de sciences politiques à l’Université de Bologne
Je ne sais pas pour vous, mais cette année j’ai eu
l’impression que le sujet de l’intelligence artificielle (l’IA pour les
intimes) était à peu près partout. Comme si accoler ces mots à n’importe quel
thème était en mesure de le colorer d’une teinte indélébile de modernité.
Il faut dire que les promesses sont grandes et que la
littérature de science-fiction nous a déjà bien acculturé à l’idée que nous
sommes sur le point de concevoir des systèmes computationnels aux capacités
égalant, surpassant même leurs concepteurs. Or, comme toujours, ce n’est pas du
monstre à la Frankenstein dont il faut se méfier, mais plutôt de leurs concepteurs.
Ce site recense tous les travaux actuellement en cours au sein de l’organisation internationale, dans ses différents comités, commissions et organes. Il propose de plus des articles de vulgarisation visant à contribuer une meilleure connaissance du phénomène et de ne céder ni à un alarmisme excessif, ni au solutionnisme qui habite encore de trop nombreux discours.
Ce portail aura également vocation à communiquer sur la partie de l’agenda stratégique du Conseil de l’Europe à l’horizon 2028 portant sur l’IA.
Le Conseil de l’Europe invite également tous les acteurs de l’IA (secteur privé, secteur public, recherche) à utiliser le hashtag #CoE4AI pour signaler leurs initiatives de développement de solutions nativement conçues pour se mettre en conformité avec les valeurs défendues par l’institution.
Quel est l’impact des IA en matière de cybercriminalité, de cybersécurité et d’infractions involontaires ?
Les potentialités des sciences, technologies et techniques de traitement des données qualifiées d’intelligence artificielle (IA) ouvrent des perspectives redoutées et redoutables en matière de cybercriminalité. Attaques automatisées, coordonnées, recherches automatiques de failles, l’IA constitue un véritable arsenal de guerre numérique, avec des bénéfices qui n’ont rien de virtuel pour leurs auteurs.